samedi 31 juillet 2010

L’injustice de la justice algérienne

La Cour suprême, par un arrêt rendu le 22 juillet 2010, a rejeté le pourvoi en cassation formulé par Gharbi Mohamed-Tounsi, contre le jugement du tribunal criminel de Guelma du 7 juin 2009, le condamnant à la peine de mort. Ainsi, ce jugement est devenu définitif.

Mohamed Gharbi, ancien officier de l’ALN, qui a combattu l’armée coloniale pour l’indépendance du pays, a repris sa mitraillette dès le début des années 1990 pour défendre l’Algérie, prise d’assaut par les groupes terroristes qui semaient mort et désolation dans sa ville, Souk Ahras.
En 1994, cet ancien moudjahid arrive à convaincre ses pairs et les dignes fils du pays à constituer le premier Groupe de légitime défense (GLD), au moment où des dizaines de victimes tombaient quotidiennement sous les balles assassines des hordes de l’AIS et du GIA. Composé d’une dizaine de patriotes, le groupe atteindra le nombre de 300 membres quelques années plus tard, qui passaient des jours et des nuits à traquer les phalanges de la mort, dirigées par Ali Merad, ex-militant du parti dissous, devenu chef régional de l’AIS. En 2000, les chefs et membres de ces phalanges de la mort bénéficient de la grâce amnistiante, décrétée par le président dans le cadre de la concorde civile. Blanchis, les bourreaux d’hier rentrent chez eux, « avec tous les honneurs » comme si leurs mains n’ont jamais été tâchées du sang des dignes fils de l’Algérie. Mohamed Gharbi, comme tous ceux qui ont affronté les forces du mal, n’a pu accepter que cet ancien émir de l’AIS, Ali Merad, le provoque à chaque fois qu’il passe devant sa maison, en le menaçant de mort. Il alerte les services de sécurité, une fois, puis une seconde et une troisième, en vain. Le 2 février 2001, vers 22h, Gharbi est devant le complexe sportif, le chef terroriste, en compagnie d’un autre repenti, passe devant lui et lui lance en exhibant un pistolet automatique : « Espèce de taghout, ton jour est venu. » Le repenti s’y met en brandissant un couteau, avant que Merad ne lui dise : « Viens, nous réglerons son cas plus tard. » Le lendemain, Mohamed Gharbi informe le commandant du secteur militaire de Souk Ahras et les différents services de sécurité, en les avertissant que dans une semaine si des mesures ne sont pas prises pour assurer sa sécurité, il passera à l’action. Ne voyant rien venir, le patriote prend la décision de se faire justice.
Le 11 février 2001, il se dirige à la cité des 1700 Logements, située au centre-ville de Souk Ahras, et tire une rafale de kalachnikov sur le repenti, le laissant pour mort, sous les cris de « Tahya Al Djazaïr », « Yahia chaâb el djazairi ! », « Vive la nation algérienne, nous sommes des moudjahidine et des résistants ». Il traîne ensuite le corps vers un caniveau « pour que son sang ne souille pas cette terre sacrée d’Algérie », dit-il, et attend patiemment l’arrivée des services de sécurité pour l’arrêter.
Jugé par le tribunal criminel de Guelma, il est condamné le 21 janvier 2001 à 2 ans de réclusion criminelle. Rejugé en appel le 24 mars 2007, il est condamné, à la surprise générale, à la prison à perpétuité après seulement 15 minutes de délibérations et sous les applaudissements de criminels. Jugé une troisième fois après l’introduction d’un pourvoi en cassation, un verdict de la honte sera la peine capitale. Aucune circonstance atténuante n’a été accordée à cet homme qui a tout donné à l’Algérie , Pourtant, cet ancien moudjahid, âgé maintenant de 72 ans, était réellement menacé de mort par un chef terroriste, auteur d’une longue liste d’assassinats d’innocentes victimes. Pour bon nombre de juristes, ce procès est révélateur. Il montre que le rapport de forces est actuellement détenu par les anciens terroristes, qui voulaient à tout prix arracher un châtiment exemplaire pour cet ancien chef des patriotes, parce qu’il les a, durant longtemps, combattus. Une grave dérive qui ouvre la voie aux anciens terroristes pour intenter des procès contre tous ceux qui ont répondu au devoir national au péril de leur vie et de celle de leur famille…

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